Albion, l’ile Maurice, mais…

L’île Maurice mais pas tout à fait comme on l’entend

A la veille de Noël 1614, là sur les récifs, la course retour vers la Hollande de plusieurs navires chargés de sucre, d’épices et de porcelaines Ming fut stoppée nette. En chemin vers le restaurant du Club, on s’arrêtera quelques instants pour s’instruire sur l’infortune de mer des Bataves et découvrir, à même les murs, une belle « installation » historique. Albion, non pas la perfide, mais la mauricienne, est donc le port d’attache d’un autre grand vaisseau, ce village de plus de 1000 personnes, GO et GM, avec ses chambres et suites entre la mer et le parc, et à l’arrière les villas, commercialisées de façon séparées.
Un 5 Tridents total, le seul en 2017 du réseau mondial. Commençons donc par le meilleur, soit la prestation hôtelière et gastronomique (voir photo) délivrée avec un quasi sans fautes par un personnel exquis, toujours souriant, délicieusement affable comme seuls peut-être savent l’être les Mauriciens : chambres parfaitement équipées, dans des tons délicats, très bons lits, lumières travaillées (avec trop d’interrupteurs), et un podium premium pour la table, signée en avril 2017 par Malek, un chef tunisien au top de sa forme, instruisant des assiettes élégantes, légères, sur le produit respecté, et pilotant le soir des stations où se composent de très belles saveurs (photo), en passant par le foie gras, les crustacés, etc. Sans doute, expérience de l’île acquise, une des meilleures tables de Maurice. Privilège du 5T, le soir, sans débourser, au bar, on vous sert le Champagne. Bémol des vins « gratuits » des deux clubs de Maurice, toujours aussi atroces, car mixés sur place avec de la poudre de raisins, autant boire du liquide vaisselle, donc bonjour la note d’extras pour ceux qui veulent picoler du bon. Monsieur le Club pourrait songer à servir quelque chose de plus buvable dans son 5T.

Pour la distraction, tout est là, avec des spectacles sensas, de vrais moyens scéniques, une équipe de la saison pleine de peps et d’entrain, bravo, bravo à Mehdi l’Arlésien chef du village qui tient son affaire avec beaucoup de professionnalisme et de décontraction, un oeil sur tout, un mot gentil tous les soirs, oui, un Méditerranéen au Club Med, y a quand même rien de mieux tant il est dans son univers. Côté MiniClub même topo, beaux espaces, activités à vous achever le gamin mais en fait ils tiennent, « pestacles » réussis, surprises de glisse à la piscine, n’en jetez plus. Au bar, mention spéciale à Carmela et Amélie, les deux soeurs de l’île, qui vous désaltèrent rapido. Deux piscines débordantes, celle des activités sonores et musicales avec vue sur la « plage » et l’autre, dite calme, oui bien calme, interdite aux enfants, pour être zen face au large, et aux rochers. Deux restos, celui des buffets, mais aussi, une table à la carte, où le matin on prend aussi un petit déj tardif. Voilà donc un magnifique club, bien tenu, qui offre des services de petit palace et une super ambiance à Albion.

Pour faire oublier le reste? Qu’on est dans le pire coin de l’île. Adossé au gros bourg d’Albion, et qui « prête » donc sa plage communale aux GM qui ont vraiment payé cher pour se baquer avec toute la clientèle sympa et piqueniquante d’un village mauricien! Qui peut s’étonner de voir que la case de voile sert aussi de club nautique pour des gamins du coin qui viennent en classe de mer, ou bien on nous a pas expliqué ce qu’ils faisaient là. Qui trouve que l’eau troublée par le débouché de la rivière, charriant ses herbes et ses boues, n’est pas du tout ce que l’on attend du Club Med Albion à Maurice et surtout à ce tarif ! Que dire? Cette côte entre Flic-en-Flac et Port-Louis est loin d’être le bon spot de l’île, du fait de la concentration urbaine populaire et d’un enrochement quasi permanent. Alors, on a fait du paysage avec du sable, ici et là, mais le compte n’y est pas. Et du coup, on passe la semaine sans jamais descendre à la plage, en fait on oublie qu’elle est là, pas laide, mais pas terrible quand même, avec son eau verte qui déboule, une turbidité à faire pâlir Veolia. On se baigne en piscine, on profite des jardins, bref, on est pas venu pour le balnéaire, bon on se fait une raison. Là est le problème d’Albion. C’est un Club de terre ferme, pas un Club de plage. La clientèle, qui semble t-il, revient et re-revient, est grosso modo adaptée, car pas jeune jeune, pas en recherche de bains de soleil et de grand plongeon, c’est l’ambiance « Côté Ouest », qui passe ses étés en Bretagne ou à la Baule. Ce gros bémol est connu puisque le bureau des excursions vous vend une sortie en bateau sur le lagon (très chouette), donc on repaye pour aller à la mer. Ou propose une excursion à la plage du Club La Pointe aux Canonniers, pour aller vraiment à la mer.

Pour l’implantation des chambres à Albion dans un club immense que l’on traverse à pied en 12 mn en marchant vite vite, on essayera d’éviter (mais comment le savoir?) les chambres de rez-de-chaussée qui ouvrent sur le bois, très sombres, jamais tu vois la lumière. Best of best, le pavillon proche de l’Alouda et de la piscine calme, avec vue pelouse, pool et mer (rochers noirs). Mais 5 mn en voiturette de golf pour aller diner le soir. Pour les suites dites bord de mer ou de plage, de bien et du moins bien, celles proches de la réception étant les seules à avoir du sable devant, les autres étant sur la roche.

Suite vue mer, vue de la fenêtre
Suite vue mer, vue de la fenêtre

A la 145, pas de bol pour la vue mer, on ne voit rien ou presque, deux arbres énormes devant, donc c’est vue feuillage et un peu caillou. L’Asie étant au bout de l’horizon, pas mal de clientèle de là-bas, et même qq GO en tentative d’adaptation aux codes de la Med, avec un sens du rythme dansé encore à travailler. Important aussi : les massifs montagneux à l’arrière choppent les nuages, et donc l’ensoleillement est beaucoup moins fort qu’aux Canonniers. Belle destination néanmoins pour se reposer et bien manger. Pour l’eau bleue dont vous rêvez, achetez la carte postale à la boutique.

Un bon tiers des hôtels de Maurice sont comme ça, avec une plage bidon, et les catalogues ne vous le disent jamais.

A propos Vincent

Journaliste, présentateur et producteur de radio, reporteur dans les pays à moustiques, auteur de guides de voyage (Afrique du Sud, Oman, Emirats arabes unis, Qatar), ex-inspecteur Michelin, devenu diplomate par effraction et pour organiser des dîners gastronomiques français avec des starlettes, puis passé à la direction communication sous divers soleils. Voyageur dans plus de 90 pays, amoureux de Rodrigues et de Sainte-Hélène, des paquebots et des déserts, pilote d'avion à hélice à l'occasion. Né au Club dans l'enfance, à Moorea-1974, quand les GO vivaient en paréo. De son bain originel à ses divers avatars actuels, le Club ne peut pas oublier qu'il fut "Méditerranée" : soit une utopie festive et libertaire, comme une projection fondamentalement latine de la vie en liberté. Les cases ne sont plus là, mais j'aime les mille déclinaisons de ce projet social unique et salutaire. Son clergé, les GO, possède, malmène et transforme un code nucléique aussi complexe que la formule d'un grand parfum. Demain, aux temps formatés par les chaînes hôtelières, nous aurons toujours plus besoin de l'esprit du Club : fantaisie du jeu, expression des terroirs, fantasmes tribaux, impasse pour les snobs, rire des enfants.

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5 comments

  1. Si tu veux du balnéaire va à La Pointe la plage est superbe… mais c’est un 4 tridents ce qui nous correspond puisque nous y sommes allés 3 années de suite.

  2. Pour le début de son commentaire je suis d’accord avec Vincent.
    Par contre,je ne partage pas du tout son avis sur la plage.
    Il s’agit d’un des seuls ensembles de plages encore authentiques de l’île.
    Vous trouverez quelques petites criques bordées de rochers noirs,beaucoup de charme avec un côté un peu sauvage.
    La longue plage,plus « classique » est bordée d’arbres.
    Evidemment si on préfère la  » grande plage de sable blanc »on peut être déçu.
    Idem si on n’apprécie pas de voir une classe d’enfants mauriciens aux abords de la case de voile(1 ou 2 fois en 15 j.)écoutant calmement les explications des sauveteurs;
    Mais pourquoi venir à Maurice si on ne veut pas voir de Mauriciens(pourtant tout à fait charmants)et préférer rester confinés « entre soi »?
    Il est exact qu’une rivière débouche dans la mer et qu’à 1ère vue elle n’est pas très engageante mais c’est uniquement parce qu’elle est en partie envahie par de la verdure et elle ne cause aucun trouble(en tous cas aux mois de mai/juin,quand j’y étais en 2016 et 2017),il suffit de s’éloigner un peu si on n’apprécie pas trop.
    Il y a d’ailleurs quelques pêcheurs sur ses berges chaque jour.
    Par contre pas de ski nautique,pour cela direction « La Pointe ».
    Pour d’autres avis voyez Tripadvisor.
    Brigitte.

  3. Exemple typique d’un GM qui veut aller au clubmed sans rencontrer un local (sortir de l’avion prendre sa navettte clubmed , passer sa semaine dans le club et éventuellement faire les excursions Clubmed mais toujours clubmed et reprendre sa navette clubmed pour reprendre son avion). Ne surtout pas avoir à fréquenter des locaux . Par ailleurs , en ce qui concerne la plage, on se renseigne avant (ce qui étonnant en regardant le pédigrée narcissique étalé de cette personne)
    didier

    • Cher Didier, permettez-moi de vous rassurer ou de vous inquiéter plus encore : à Maurice comme en France, les plages sont publiques et c’est heureux ; là-bas comme à Valras ou à Cannes, les petits enfants des écoles ont bien le droit de venir se baigner, et cela n’est pas le point souligné dans mon commentaire. On ne commente pas une évidence, au risque d’enfiler les perles des colliers de nouilles. J’ai simplement voulu souligner le décalage entre une offre touristique affichée en haut de gamme et un rendu sur le sable qui, pour le coup, s’apparente au tableau d’un camping de village. Je n’ai jamais croisé les classes de mer sur la plage (publique) du Majestic ou de l’Emirates Palace. Et quand cela est inévitable, et que cela peut devenir une richesse du voyage, il convient alors d’entendre la direction de l’établissement vous présenter le mix avec les mots adaptés (politique RSE, harmonie communautaire, etc). Ayant vécu de très longs séjours dans cette île, j’ai pu apprécier avec délectation les après-midi barbecue avec les Mauriciens sur les plages. A Albion, le problème est ailleurs : la plage étant riquiqui et desservie par un chemin municipal en bas du village, elle est d’abord celle des villageois. D’un village bien plus gros que celui du Club. Soit la situation ridicule d’un GM sur un transat, à mi-hauteur du sable, avec devant lui au bord des flots des gars qui tâtent le goujon et derrière lui de gentils villageois qui font cuire des brochettes. Soit le paysage de la plage de Flic-en-Flac, façon kermesse géante, mais avec elle, au moins des eaux turquoise. Résultat : les clients descendent à la plage le jour 1, puis après quasi plus jamais. Pour trouver la sérénité dans les anfractuosités des roches noires à l’autre bout du site. Un aspect que le photographe officiel du ClubMed a totalement oublié de saisir.

  4. ,je ne partage pas du tout son avis sur la plage.
    Il s’agit d’un des seuls ensembles de plages encore authentiques de l’île.
    Vous trouverez quelques petites criques bordées de rochers noirs,beaucoup de charme avec un côté un peu sauvage.
    La longue plage,plus « classique » est bordée d’arbres.
    Evidemment si on préfère la » grande plage de sable blanc »on peut être déçu.
    Idem si on n’apprécie pas de voir une classe d’enfants mauriciens aux abords de la case de voile(1 ou 2 fois en 15 j.)écoutant calmement les explications des sauveteurs;
    Mais pourquoi venir à Maurice si on ne veut pas voir de Mauriciens(pourtant tout à fait charmants)et préférer rester confinés « entre soi »?
    il ne faut pas chercher a albion l’ambiance du majestic; le club med c’est autre chose…

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